Assis en classe, au premier rang
Il recevait, la poésie
De ces salauds, abrutissants
Toi le fayot, le petit gros
Les amourettes il ne connaissait pas
Vous comprenez bien que pour les filles
C’était indigne, indélicat
De lui donner de leur salive
Il était toujours à la traîne
Autour du stade en EPS
Virant au rouge, pire qu’une tomate
Il devenait tout écarlate

Mais on imaginait pas
A le voir tout encaisser
Sans dire un mot
Sans même broncher

Que le soir bien sous sa couette
Il en pleurait toute sa peine
Il n’s’aimait pas lui la mauviette
Comme disent les autres dans leur rengaines
Tristes sanglots de petit homme
Qui n’échappaient pas à maman
En larme derrière la porte
Indignée toute impuissante

Il s’asseyait souvent tout seul
Au fond d’la cour, à la récré
A côté l’arbre, du vieux tilleul
Personne viendrait trop l’embêter
Et les vacances, c’était la paix
Une jolie trêve, de l’oxygène
Tu penses bientôt, "c’est la rentrée"
Ventre serré et les migraines
On l’regardait bien quelques fois
En le plaignant, tout au fond d’soi
Un peu d’tendresse, un peu d’pitié
L’injustice ça fait chialer

Mais on imaginait pas
A le voir tout encaisser
Sans dire un mot
Sans même broncher

Que le soir bien sous sa couette
Il en pleurait toute sa peine
Il n’s’aimait pas lui la mauviette
Comme disent les autres dans leur rengaines
Tristes sanglots de petit homme
Qui n’échappaient pas à maman
En larme derrière la porte
Indignée toute impuissante

Il t’en fallait bien du courage
Pour supporter tous les sarcasmes
Des petits cons qui t’mettent en rage
Toi l’petit gros, toi et ton asthme
Tu te disais : "Si c’est ça la vie,
Bête existance de martyre,
J’ai plus la force j’ai plus l’envie
De prolonger ici le pire"
On dit souvent : "C’est des enfants
Y’a rien d’plus doux, rien d’plus charmant"
C’n’est pas toujours la vérité
Parfois cruelle et sans pitié

Mais on imaginait pas
A le voir tout encaisser
Sans dire un mot
Sans même broncher

Que le soir bien sous sa couette
Il en pleurait toute sa peine
Il n’s’aimait pas lui la mauviette
Comme disent les autres dans leur rengaines
Tristes sanglots de petit homme
Qui n’échappaient pas à maman
En larme derrière la porte
Indignée toute impuissante